LA SHW - LES SORTIES

Sortie en Meuse, dimanche 14 juin 2009



SAMPIGNY


Devant la résidence d'été de Raymond Poincaré, Président de la République française (1913-1920)


Les trois fenêtres du salon.
Vitraux exécutés en 1906 par le verrier Joseph JANIN (Woippy, 1851 – Raon-l'Etape, 1910).



L'ÉGLISE DE MARBOTTE, SES VITRAUX ET SON HISTOIRE



LE CALVAIRE DES BLESSÉS

Dès le début de la guerre, les hôpitaux sont débordés par le nombre de blessés à cause de la puissance des armes utilisées. Il n'y a pas assez de trains et de véhicules pour les transporter tous.
Les soldats touchés ou qui ne peuvent plus marcher attendent sous le bombardement l'arrivée des brancardiers. Ceux qui le peuvent essaient d'aller seuls jusqu’au poste de secours. Là on leur donne les premiers soins, ils sont vaccinés contre le tétanos. D'autres, incapables de marcher, seront transportés sur des mulets, suspendus dans une toile de tente ou simplement portés à dos d'hommes. Les mourants, on les abandonne. Un aumônier est souvent là pour les aider à affronter la mort. Il y a aussi les soldats qui tombent trop près des tranchées allemandes. Il est donc très risqué d'aller les rechercher. Ces blessés meurent le plus souvent sans aide. Les blessés légers retournent vite se battre. Les plus gravement mutilés sont envoyés vers un hôpital militaire à l'arrière. Ils voyagent dans un train peu rapide et inconfortable. Les médecins ont fait des progrès au cours de cette guerre en raison de la gravité des blessures. Malheureusement, beaucoup de blessés meurent après les opérations. Une fois guéris, certains pourront retourner à la guerre. D'autres, aveugles, gazés, mutilés repartiront chez eux.
« Le poste de secours est encombré. Les blessés s'entassent. Le sol se couvre de portions rougies et gluantes de vêtements. L'odeur du sang écœure. Manches retroussées, je travaille avec Vidaillac et Moreau. Un brancardier inscrit les noms et les blessures. La clientèle misérable et boueuse afflue s'embouteille autour de nous. Les brancards passent difficilement. Nous piétinons un mélange roussâtre de bave, d'eau, de sang et de coton jeté sur le sol. » Paul Voivenel, Les Eparges 1915
« Voilà déjà 24 heures que j'ai été blessé par l'éclatement d'un obus et un gros éclat est retombé sur ma tête, heureusement que j'avais mon casque, je lui dois la vie ; aussitôt le coup reçu, j'ai ressenti une commotion terrible, mes mains se sont crispées et j'ai cru mourir, mais je suis revenu à moi au bout de quelques minutes et mon copain m'a fait un pansement avec le sachet que l'on a exprès. » Un soldat de la 65ème DR
« Et des blessés se traînent, presque tous sans fusil, les cheveux collants, pâles et sanglants. Ils ont improvisé des écharpes avec des mouchoirs à carreaux, des serviettes, des manches de chemises. Ils marchent la tête courbée, tirés de côté par un bras qui pèse, une épaule fracassée ; ils boitent, ils sautillent, ils tanguent entre deux bâtons, traînant derrière eux un pied inerte ... Et nous voyons des visages aux yeux fiévreux, barrés de pansements obliques qui laissent couler le sang le long de la joue ... » Maurice Genevoix « Ceux de 14 »

L'ÉGLISE DE MARBOTTE
Avant d'être enterrés, les corps des soldats tombés en forêt d'Apremont étaient placés dans l'église de Marbotte, sorte de morgue, de dépôt mortuaire.
« Ils sont alignés au milieu de l'église sur le pavé entre les bancs. Il y en a huit, neuf, dix, onze ... Je ne passerai pas. Leurs pieds me font peur, ils sont morts de la tête aux pieds. » Paul Cazin « L'Humaniste à la guerre »
« C'est dans cette église que reposaient les cadavres de nos Camarades ramenés des lignes en attendant que fussent prêtes leurs tombes dans les cimetières avoisinants. Des milliers de cadavres sont venus ici tour à tour. On les étendait devant le chœur, on les recouvrait d'une toile de tente. Une bénédiction, une prière, une dernière visite des camarades en réserve à l'étang. Puis le grand repos dans la grande nuit. Les dalles ici sont imbibées de sang. » L'Adjudant Péricard
L'église est un lieu de pèlerinage émouvant, avec les plaques commémoratives des familles des disparus, la piéta et le maître autel, dédiés aux 30 000 victimes du Bois d'Ailly et de la forêt d'Apremont.
De magnifiques vitraux évoquent les combats du secteur : l'un représente l'épisode du Commandant d'André à la Tranchée de la Soif ; un autre, celui du Bois Brûlé quand l'Adjudant Péricard a crié « Debout les Morts ! » Un autre rappelle l'Abbé Marquez, fondateur de « L'œuvre du Souvenir ».
(Détail des deux premiers vitraux ci-dessous)

LE CIMETIÈRE DE MARBOTTE
2.464 militaires tombés dans le secteur reposent au Cimetière national de Marbotte. Le monument du VIIIème Corps a été élevé en souvenir des 30 000 tués au champ de bataille. Il a été inauguré en 1931 par Raymond Poincaré. Une table d'orientation dans le cimetière, datant de 1952 reproduit en couleur le plan du champ de bataille.


LA TRANCHÉE DE LA SOIF
Le commandant d'ANDRÉ (2ème Baton du 172ème R.I.) et la 7ème Cie s'étaient emparés du boyau allemand alimentant le secteur (Corne N.O. du Bois d'Ailly) sont refoulés, encerclés et pris par la Garde de Berlin après 60 heures d'une résistance héroïque, sans eau, ni vivres, ni grenades. (20-22 mai 1915)


DEBOUT LES MORTS
L'Adjudant PÉRICARD du 95ème R.I. sentant ses hommes faiblir et ne voyant que des morts et des blesses autour de lui ranime les courages au cri de « DEBOUT LES MORTS » et repousse une violante contre attaque allemande au Bois-Brûlé. Le 8 avril 1915.


L'intérieur de l'église de Marbotte


L'église de Marbotte




L'ARRÊT DE MIDI À HEUDICOURT




HATTONCHÂTEL


Devant le monument aux Morts - La Berrichonne, de Paul NIVET (1871-1948)


Notre guide de la journée :
Le général Jean-Claude Laparra, membre de la S.H.W.


Miss Belle Skinner, américaine, bienfaitrice d'Hattonchâtel dont elle contribua à relever les ruines après la guerre de 1914-1918.
On lui doit la reconstruction du château, de la Mairie-école et du lavoir.


L'Église collégiale Saint-Maur



Le Retable Renaissance (1523)


Il a servi de retable au maître-autel à partir de 1523, jusqu’an 1791. Depuis la Révolution, jusqu’en 1914-15, il a été placé sous le triplet de l’abside.
Actuellement, il sépare ladite abside de la Chapelle.
Longueur : 2,60 m, hauteur : 1,60 m.

La paternité de l’œuvre n’a pu être clairement établie. La tradition l’attribue à Ligier RICHIER. L’œuvre a pu être exécutée par une équipe ; Ligier Richier n’en sculptant qu’une partie ? Bien des détails ressemblent à ceux du sépulcre de Saint-Mihiel, mais une différence importante : les œuvres de Ligier Richier sont toujours de grandeur nature.
En outre, en 1523, Ligier Richier n’avait que 23 ans !


Détail des tableaux


Tableau n° 1 : La chute de Jésus et sa rencontre avec Véronique
7 personnages :
Jésus portant sa croix est tombé à terre. Son visage marqué par la souffrance est crispé. Il tente de se maintenir en cherchant un appui sur le sol. Un bourreau s’acharne sur lui en levant son fouet pour le frapper. Un autre soldat portant des manches à crevés de mode Renaissance soutient la partie supérieure de la croix.
La partie gauche de ce tableau est occupé par les saintes femmes dont Véronique, courbée, presque en vénération sur le linge où s’est imprimé le visage identique mais apaisé du Supplicié.
On reste confondu devant cette admirable sculpture en miniature ainsi que devant la richesse du vêtement de Véronique : « tunique à larges manches divisée à partir de la taille et dont les deux parties sont attachées plus bas avec une large agrafe ronde : manteau flottant fixé par un nœud bouffant sur l’épaule droite. » (Abbé Denaix).
On aperçoit Simon de Cyrène, à droite de Véronique, discret, courbé pour ramasser l’extrémité de la croix.

COMPOSITION rigoureuse avec longues transversales croisées et verticales parallèles renforçant l’unité de la scène.

Tableau n° 2 : Le calvaire
10 personnages :
Cette scène s’inscrit dans un haut triangle imaginaire montant jusqu’à l’archivolte, dont le sommet est le Christ crucifié. Son corps est long et amaigri. Ses bras, trop frêles, ne semble pas, sur cette sculpture, soutenir un corps normalement bouleversé par la violence de la Passion. La tête du Christ apaisée est à rapprocher de celle du Calvaire de l’église Saint-Etienne de Bar-le-Duc.
Le registre inférieur du compartiment central, occupé par les personnages traditionnellement présents au calvaire, est lui-même partagé en deux :
A gauche : une remarquable Pâmoison de la Vierge est une des scènes les mieux réussies du retable. Marie s’effondre, perdant connaissance, soutenue par saint Jean. Composition bien équilibrée enfermée dans un ovale.
En second plan, une sainte femme tend ses bras vers le Christ, tandis que Marie-Madeleine embrasse le pied de la croix.
Plus haut, en toile de fond, le soldat Longin qui vient de transpercer de sa lance le côté gauche de Jésus, à présent lui-même frappé par la grâce et la révélation, prie avec ferveur.
A droite : trois soldats se tiennent comme sur la scène de gauche dans l’espace géométrique d’un petit triangle isocèle. Le cavalier et son cheval sont véritablement des chefs-d’œuvre. Le costume du centurion est particulièrement riche. Vêtu d’un beau manteau à collerette, coiffé d’un turban, monté sur un cheval très réaliste, l’officier romain, le regard dirigé vers Celui qui vient de mourir, déroule une banderole portant l’inscription : « HIC EST VERE FILIUS DEI » (« Celui-ci est vraiment le fils de Dieu »)
En arrière, un autre soldat à cheval au visage et à l’allure haineux fait pendant à Longin.

Tableau n° 3 : La Déploration du Christ
8 personnages :
Le corps du Christ a été descendu de la croix. Il est soulevé sous les épaules par l’apôtre Jean aidé par la Vierge. La silhouette de saint Jean courbé vers la gauche forme une ligne harmonieuse en symétrie avec la sainte Véronique du premier tableau à gauche du retable.
A gauche, debout, une sainte femme porte de la main gauche un vase à aromates (disparu).
Derrière elle, agenouillé, le donateur du retable (l’usage, autrefois, voulait que fût représenté, agenouillé le plus souvent, le donateur de l’œuvre d’art. Il s’agit de Messire Gauthier RICHERET, prêtre doyen de la collégiale d’Hattonchâtel.
Au fond, à gauche, un évêque, revêtu des ornements épiscopaux, coiffé d’une riche mitre, ornée de pierreries, tient une crosse, belle pièce d’orfèvrerie religieuse Renaissance. Il s’agit de saint Maur, 2e évêque de Verdun et patron de la Collégiale d’Hattonchâtel.
A gauche de saint Maur, Marie-Madeleine, le visage plein de tristesse, croise les mains sur la poitrine, totalement soumise. Enfin, dernier personnage à l’extrémité droite du retable, Marie-Salomé prépare le linceul qui enveloppera le corps du Christ.

Cette scène admirablement exécutée, empreinte de calme, d’une humanité authentique et de tristesse contenue, inspire un profond respect.



Devant le château d'Hattonchâtel


Sur le chemin du retour, ce qu'il reste de l'Abbaye Saint-Benoît


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