PRIX RENE PAQUET - PREMIER HISTORIEN DE WOIPPY

René Paquet d'Hauteroche - qui signera ses ouvrages de l'anagramme Nérée Quépat - est né à Charleville le 29 septembre 1845, de Claude Joseph Henri Paquet (1799-1872), capitaine de frégate, et de Julie Anne Marguerite Boussard d'Hauteroche. C'est peu après sa naissance que ses parents quittent les Ardennes pour s'installer à Metz (rue de l'Esplanade). Quelque temps plus tard, ils achètent à Woippy la propriété du Rucher, ancien manoir du Chapitre de la cathédrale de Metz, et construisent à son emplacement une élégante villa de campagne, réputée pour être l'une des plus belles du Pays messin.
Le futur historien de Woippy fait ses études au collège Saint-Clément de Metz, où il remporte plusieurs prix d'histoire et de géographie, de discours français et de philosophie. Mais c'est le droit qui l'attire, et le jeune René Paquet se décide tout naturellement pour le barreau. Il part faire son droit à Paris, et y présente en mai 1869 une thèse de doctorat - Des servitudes établies par le fait de l'homme - qui lui permet de se faire inscrire à la Cour d'Appel.
En septembre 1870, durant le blocus de Metz, la propriété familiale devient le quartier général du 25e régiment de ligne et de son chef, le général Emile Armand Gibon ; blessé lors du combat de Bellevue, celui-ci y meurt le 19 octobre. René Paquet se retrouve alors à Paris ; lors du siège de la capitale, il s'engage dans les mobiles de l'Ecole Polytechnique. Dès sa démobilisation, il publie en 1871 son premier ouvrage : Simples notes prises pendant le siège de Paris.
Mais le juriste se double d'un ornithologue de premier plan, qui se passionne surtout pour les oiseaux du Pays messin. La même année est publié à Paris Le chasseur d'alouettes au miroir et au fusil ; deux ans plus tard, il donne une Monographie du chardonneret, puis L'ornithologie au Salon de peinture de 1876. Plus tard, en 1899, ce sera L'ornithologie du Val de Metz. Catalogue des oiseaux sédentaires et de passage qui vivent à l'état sauvage sur le territoire de Woippy et autres localités voisines, avec notes critiques et dates de la migration et du retour de chaque espèce.
C'est pourtant l'histoire qui va donner à René Paquet une notoriété nullement usurpée. D'abord passionné par l'histoire et les traditions de Metz et du Pays messin, il publie en 1878 les Chants populaires messins recueillis dans le Val de Metz en 1877. La même année, il publie l'histoire de son village d'adoption, la célèbre Histoire du village de Woippy, rehaussée de deux gravures d'Adolphe Nicolas Bellevoye (le vieux château et la Haute Maison) : un précieux volume que sont fiers de posséder les bibliophiles, woippyciens en particulier, surtout lorsqu'il porte la signature plus que séculaire de son auteur. Dans la préface de son ouvrage, René Paquet rend hommage à Woippy qui a su l'inspirer : " Jusqu'à ce jour, Woippy n'a pas trouvé d'historien ; c'est, je tiens à le dire, l'attachement profond que j'ai pour cette localité où se sont écoulées les plus heureuses années de ma vie, qui m'a donné le courage d'entreprendre, le premier, de reconstituer son passé ".
Deux ans plus tard, en 1880, René Paquet écrit ses Recherches sur la Grande Thury près Metz. En 1887, après des recherches opiniâtres et assidues, il récidive en publiant un Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle, contenant toutes les personnes notables de la région, ouvrage de référence et encore bien souvent consulté par les historiens et les érudits.
Ses diverses publications donnent à René Paquet une notoriété qui lui vaut d'être accueilli au sein de diverses sociétés savantes : membre titulaire de la Société d'Histoire Naturelle de la Moselle depuis 1877, il est nommé membre associé libre de l'Académie de Metz en 1885, avant d'en devenir, en 1899, membre honoraire.
Mais, plus que Messin, il se considère comme Woippycien, et c'est un personnage généreux, affable et simple qui côtoie les villageois. Elie Fleur écrira de son ami et collègue : " Très libéral envers l'église de son village, il ne voulut néanmoins jamais y occuper qu'une place très humble, craignant de paraître poser pour un modèle ; il pratiquait simplement, franchement. Au sortir de la grand'messe, le dimanche, il rassemblait parfois autour de lui les enfants et leur distribuait des dragées. Il savait qu'on le traitait d'original ; loin de s'en offusquer, il soignait au contraire sa renommée en ce sens et, avec un bon rire, disait de lui-même qu'on l'appelait en patois lo fou d'Woèppy, mais c'était par sa bonté qu'il voulait justifier ce vocable irrespectueux ".
A l'approche de la guerre, René Paquet quitte Woippy pour s'installer à Paris. Il met à profit son séjour parisien pour dépouiller, aux Archives Nationales, les fonds relatifs à l'histoire de la Révolution à Metz et en Moselle, sujet sur lequel il travaille depuis de longues années déjà. Oeuvre de longue haleine, qui aboutit en 1926 à la publication, en deux gros volumes, de la Bibliographie analytique de l'Histoire de Metz pendant la Révolution (1789-1800), véritable somme historique, indispensable aujourd'hui à tout historien de la Moselle révolutionnaire, et qui compense plus que partiellement les archives détruites en 1944 dans les casemates du mont Saint-Quentin.
C'est en tout cas la dernière publication de René Paquet. A la fin de 1926, il se rend à Paris pour y passer l'hiver, selon son habitude. Le 9 mars 1927, il est victime d'une chute apparemment sans gravité, mais son état de santé s'altère, et il meurt le 30 avril. Quelques mois plus tard, en hommage à son historien et illustre concitoyen, la commune de Woippy décide de donner le nom de René Paquet à l'une des ruelles du village. En décembre 1990 enfin, souhaitant encourager la recherche historique régionale, la Société d'Histoire de Woippy crée le Prix René Paquet, récompensant un mémoire de maîtrise, un D.E.A. ou une thèse de doctorat. Ce prix est remis chaque année au mois de novembre.

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